Ce dimanche, l’Évangile se concentre sur une figure assez particulière : Jean le Baptiste, le précurseur du Christ. C’est à lui que Jésus applique la prophétie de Malachie : « voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi » ; c’est de lui qu’il dit : « parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ». Il est prophète et plus qu’un prophète. Il vient nous annoncer la venue du Sauveur. 

Jean le Baptiste vit à l’écart, dans le désert. Il annonce la Parole à temps et à contretemps. Par rapport aux autres personnages du Nouveau Testament, il nous paraît hors normes, démesuré, marginal, même. Un peu comme un patriarche, perdu quelques siècles trop tard dans la région du Jourdain et qu’on finit par mettre en prison parce qu’on ne sait pas trop quoi faire de lui.

Jean est une figure de transition, il symbolise le passage de l’Ancien au Nouveau Testament. De ce point de vue là, Joseph lui ressemble beaucoup. Joseph fait lui aussi figure de patriarche, lui, l’homme juste, celui qui fait des rêves comme Jacob ou l’autre Joseph avant lui. « Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie… » Les généalogies du Nouveau Testament nous le rappellent : Joseph vient au point d’orgue d’une lignée, d’une longue histoire entre Dieu et son peuple. Comme Jean, il est un peu « en marge » du Nouveau Testament. Il est là pour faire le lien entre Jésus et ce qui précède et, son rôle accompli, il s’efface très vite des pages de l’Évangile.

Qu’on soit haut en couleur comme le Baptiste, ou au contraire très discret comme Joseph, on peut se sentir, en étant chrétien aujourd’hui, un peu en marge de la société. Sur combien de sujets n’a-t-on pas l’impression de crier dans le désert, ou d’être invisibles ? Et pourtant, c’est bien la venue du Sauveur que nous sommes appelés, nous aussi, à annoncer et même à préparer.

* Illustration : Saint Joseph, Jesus et Jean le Baptiste - Melchior Paul von Deschwanden