Il y a bien des manières d’être père. Il y a Dieu le Père, de qui vient toute paternité. Il y a les pères de famille, les pères spirituels, prêtres ou évêques, et les pères adoptifs, tel Joseph… Je voudrais aujourd’hui revenir sur une rencontre littéraire entre deux pères de genres différents, et que saint Joseph réunit : il s’agit d’un évêque, et d’un bagnard…

Rappelez-vous Jean Valjean, dans l’illustre roman de Victor Hugo, Les Misérables. Sa rencontre au début de l’histoire avec l’évêque de Digne, Mgr Bienvenu, laisse à tout lecteur un souvenir ému d’hospitalité parfaite : malgré sa condition honteuse, il est accueilli en véritable ami, en fils aimé, à la table de l’évêque. Magnifique exemple de tendresse et d’hospitalité paternelles !

Or, quel vin l’évêque sert-il à table ? Un « vieux vin de Mauves », de la région voisine. Et ce cru s’appelle justement « Saint-Joseph », d’après le nom que lui ont donné des jésuites devenus propriétaires de ce vignoble ardéchois au XVIIe siècle ! Le « détail paternel » est touchant…

Surtout quand on pense à l’importance que va prendre la paternité pour Jean Valjean, qui se retrouvera bientôt père adoptif de l’infortunée Cosette, dont la mère, Fantine, est morte au fond de la misère, et qu’il délivre des iniques Thénardier, qui l’exploitaient et la maltraitaient.

C’est cela aussi, devenir père : face à l’imprévu de la vie, qui a touché saint Joseph comme Jean Valjean, savoir accueillir quelqu’un, dans sa maison, à sa table, et lui offrir protection, hospitalité et amour en vue de son bonheur… Nous-mêmes, chers retraitants, avec saint Joseph, changeons nos cœurs pour accueillir le Christ, et ceux qu’il nous envoie. Accueillons, comme nous sommes nous-mêmes accueillis par le Christ ! 

* Illustration : Les misérables - 1935